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Photo du rédacteurCéline Perraud

Faire le deuil après une fausse couche

J’ai envie de vous parler d’une femme que j’ai rencontrée en séance cette semaine. Je veux vous parler de cette mère qui est venue pour parler de sa fausse couche vécue il y a 4 ans, à 4 mois de grossesse. et qui 4 ans plus tard ressent toujours la tristesse et le manque de cet enfant qui n’a pas vécu. Elle n’en parle que très peu à ses proches, « ils ne comprennent pas », ou elle n’a « pas envie de ressasser le passé », et pourtant pas un jour ne se passe sans qu’elle ne pense à cet enfant.

Au fil de la conversation je réalise qu’elle porte en elle une double culpabilité. La culpabilité de croire que si ce petit être est mort c’est peut-être de sa faute. Est-ce qu’elle l’a assez aimé, est-ce qu’elle a suffisamment investit sa grossesse ? Est-ce qu’elle a fait trop de sport ? Certainement rien de cela mais l’émotion est là, bien présente. Il lui faudra apprendre à se pardonner même si cette démarche et longue et complexe.

Elle porte aussi une autre culpabilité, plus sournoise celle-ci. « Pourquoi 4 ans après je me sens toujours aussi triste ? Pourquoi je n’arrive pas à passer à autre chose ? ». Et bien parce-que madame c’est d’un deuil dont nous parlons. Voilà le mot est lâché ! Le deuil de cet enfant que l’on ne rencontrera jamais, celui que l’on a porté 4 mois durant et qu’on ne tiendra pas dans ses bras, celui qu’on a déjà aimé, avec lequel on s’est déjà projeté. Parce-que dans cette histoire il y a de la douleur, de la peine, de la colère et pleins d’autres émotions qui s’entremêlent et que pour retrouver l’apaisement il faut du temps et beaucoup de dialogue. Il faut s’autoriser à dire ce qui pèse sur le cœur.

Et combien de temps dure un deuil ? Quelques mois ? 1 ou 2 ans ? Plusieurs années ? Il n’y a pas de réponses justes, tout dépend de chacun, tout dépend de l’histoire et du chemin.


Des rituels pour avancer


Pour avancer sur le chemin de l’acceptation je lui ai parlé de rituels de deuil. A partir du moment où la grossesse est investie, la fausse-couche est un événement qui doit être reconnu. Et le fait de réaliser un rituel permet d’avancer dans le processus de deuil, celui de l’enfant qui ne s’est pas incarné sur terre.


Un premier rituel qui peut être fait est celui de donner un prénom à cet enfant, pour lui donner sa place, pour pouvoir parler de lui comme on parle d’un enfant. Comment faire le deuil de quelqu’un qu’on ne peut pas nommer ? Comment faire le deuil de quelqu’un qui n’a pas vraiment exister ? Vous pouvez par exemple organiser une petite cérémonie « d’accueil » ou de « baptême », choisissez le nom qui vous conviendra selon vos croyances et vos valeurs. Lors de cette cérémonie vous pourrez lui présenter son prénom et le lui écrire. Ce peut être un petit rite en extérieur, avec une bougie, un petit texte un poème ou une prière… suivant ce que vous dicte notre cœur.


Un autre rituel qui me semble très important est d’organiser un temps d’au revoir qui peut prendre la forme d’une petite cérémonie aussi. Il s’agit de poser un temps pour dire au revoir à cet enfant comme on dit au revoir à un défunt. C’est prendre un moment pour honorer sa mémoire. Certains choisiront de lire un texte, un poème, ou une prière d’au revoir, d’autres préféreront ne rien dire et simplement allumer une bougie. Peu importe ce que vous choisissez, l’important est de poser un acte d’au revoir en lien avec votre cœur.

On peut y rajouter un geste symbolique, comme planter un arbre en sa mémoire, ou élaborer un petit jardin du souvenir près duquel on pourra venir se recueillir lorsqu’on en ressentira le besoin. On peut aussi acheter ou construire une jolie boite qui deviendra la boite à souvenir dans laquelle on pourra y mettre tous les petites choses qui nous ramène à cet enfant (doudou, échographie, textes…)


Ou encore vous pouvez simplement prendre le temps d’écrire une lettre symbolique à cet enfant qui ne verra pas la matière. Vous pouvez simplement écrire : “Je reconnais que tu es passé par mon corps et que tu sois parti, et j’ai décidé d’accepter cela, même si c’est encore douloureux”. Vous pouvez écrire ce que vous voulez, vous êtes la seule personne à savoir quels sont les bons mots qui raisonnent avec votre expérience. De toute façon, il n’y a pas de mauvais mots. Quels que soient votre état, il est essentiel de vous autorisez à libérer cette âme et à vous libérer. Vous pouvez ensuite lire cette lettre à voix haute pour lui donner un autre écho qui a son importance. Et quand cela est fait et que vous êtes prête je vous invite ensuite à brûler cette lettre en visualisant l’âme de ce petit être qui monte vers la lumière. Ce petit rituel aide à libérer ce qui doit l’être si on y met l’intention. (Culpabilité, tristesse et autres sentiments susceptibles de s’imprimer dans le corps car tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime dans le corps).


Vous pouvez réaliser l’un ou l’autre de ces rituels, ou tous si vous en ressentez le besoin et à n’importe quel moment, car le temps n’existe pas et qu’il n’est jamais trop tard pour se sentir mieux.

L’important est d’avancer à votre rythme sur le chemin du deuil qui mène vers l’acceptation et le pardon.


Avec toute mon affection


Céline




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